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Vivre avec un TDAH

18 min readMar 6, 2023

Le récit de mon auto-diagnostic à 31 ans

Cet article n’est pas un article scientifique ou médical. Il relate mon expérience et mes points de vues acquis en tant qu’individu avec le TDAH et la lecture de “Scattered Minds” de Gabor Maté. Merci de les recevoir comme tels, de vous en inspirer au mieux et d’arriver à vos propres conclusions concernant le TDAH.

TDAH veut dire Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyper-activité, je m’excuse par avance de la structure décousue de cet article. Pour une fois j’imagine que cela est acceptable.

Dans un premier temps j’aborderais ma découverte du TDAH et l’impact phénoménal de cette prise de conscience sur ma vie. Puis j’expliquerais certaines des causes connues avec un contexte lié aux premières années de l’enfant. Enfin, je proposerais mes clés pour vivre une vie plus harmonieuse malgré ce “trouble”.

C’est un soir de décembre, il est tard et après concertation avec les singes bavards qui déambulent dans mon cortex je me décide à ouvrir un des livres qui demeurent secrets sur mon étagère depuis cet été. Il s’intitule “The Deepest Well” de Nadine Burke Harris, acheté après une impulsion irrépressible avec dix autres ouvrages qui me regardent jalousement l’air de dire “et nous alors?”.

Acheter le livre

Comme à chaque fois que je commence un livre, je me passionne pour cet entrevue avec une autre manière de penser, je me vois guider par mes mains page après page, buvant les paroles de quelqu’un qui m’était encore inconnu il y a quelques minutes et qui semble à présent un expert incontesté sur le sujet qui m’anime.

La prise de conscience

Puis au détour d’une de ces pages justement il y a une phrase qui m’interpelle. L’autrice parle d’un enfant qui a des difficultés et au moment de son arrivée dans son cabinet elle fait un diagnostic rapide: “Asthme, problèmes de croissance, anxiété et possiblement un TDAH”.

Cette phrase m’arrête net dans ma lecture. Mon asthme s’est déclaré quand j’étais assez jeune et j’ai clairement des souvenirs de mes problème de taille en tant qu’enfant. J’avais moi aussi souffert de ces deux symptômes, mais qu’en était t-il du troisième?

“Une armée de spécialistes analysent des courbes mystérieuses derrière une cabine d’observation.”

La puce à l’oreille, je met le livre de côté et je me précipite sur mon téléphone pour taper sur Google: “Symptômes TDAH” et je lis la liste dans ma tête.

  1. Difficulté d’attention ou de concentration
  2. Oublis récurrents d’objets, de tâches, de rendez-vous
  3. Du mal à respecter ou se souvenir de consignes simples
  4. Difficulté à rester en place, hyperactivité
  5. Troubles de l’anxiété, stress démesuré, dépression
  6. Changement constant de direction au cours d’un tâche ou dans la vie
  7. Décisions impulsives, changements brusques de carrière
  8. Difficultés à garder un emploi
  9. Sens du danger peu ou pas présent
  10. Problèmes d’organisations
  11. Difficulté à respecter les horaires ou les deadlines
  12. Incapacité à rester en place
  13. Changements d’humeur, irritabilité

Et la liste continue.

C‘est quoi le TDAH?

Je tombe des nues. Cette liste non exhaustive mais pourtant caractéristique de nombreux de mes comportements (voir de la totalité) me chamboule complètement. Il semblerait qu’à première vue il n’y ait aucun doute. Même si aujourd’hui certains de ces symptômes sont beaucoup moins présents dans ma vie, ils ont tous été là, à un moment ou un autre.

Immédiatement je suis pris par le besoin compulsif de tout savoir et tout comprendre sur le sujet: de connaître les causes, les guérisons possibles, l’impact sur l’individu.

Je dois comprendre en quoi ma vie a été affectée par ce trouble. A peu près sûr de mon auto-diagnostic, je prend rendez-vous avec l’IRLES pour en avoir le coeur net. On m’explique qu’il s’agit d’une batterie de tests pour expliquer le fonctionnement de mon cerveau et ses capacités cognitives. J’imagine déjà des dizaines d’électrodes parcourant mon cuir chevelu fraichement rasé pendant qu’une armée de spécialistes analysent des courbes mystérieuses derrière une cabine d’observation.

Tout à coup mon cerveau et sa manière de me traduire la réalité deviennent l’objet de mes pensées. Comment en savoir plus?

En faisant quelques recherches supplémentaires, je m’aperçois qu’une éminence en matière de psychologie, le docteur Gabor Maté, à écrit un ouvrage sur le sujet à la suite de son propre diagnostic en 1999. La communauté scientifique et médicale française semblant être assez à la masse sur le sujet (selon Ameli le TDAH n’a pas de causes précises voir qu’il ne relève pas d’un facteur psychologique), je me décide à procurer son livre qui semble plutôt avant-gardiste vu l’époque à laquelle il a été écrit.

Dr Gabor Maté & Son livre “Scattered Minds”

J’imagine que vu ses travaux sur le trauma dans l’enfance et les mécanismes d’addiction, je peux lui faire confiance.

Ce serait comme découvrir subitement que l’on boîte depuis la naissance:”

Comment je n’ai pas su?

Ma première réaction est peut-être de me précipiter pour trouver du réconfort intellectuel mais les premières questions s’agitent en moi:

Comment ma vie a t-elle été impactée par ce trouble?
Si mon TDAH avait été diagnostiqué dans l’enfance, aurais-je grandi différemment?
En quoi mes opportunités étaient différentes avec ce “handicap”?
Comment se fait-il que personne de mon entourage ne l’ai remarqué?

Cette dernière résonne avec vigueur. Une réalité est déconcertante. Comment un trouble comme celui du TDAH, reconnu et avec tant de symptômes identifiables, a pu passer inaperçu auprès de mes parents (pourtant des gens instruits avec un background scientifique/analytique), du corps enseignant, de mes camarades, de mes collègues de travail et globalement de toute personne ayant été en contact avec moi?

À quel point sommes nous réellement en lien avec notre entourage?

Puis évidemment la question suivante qui émerge naturellement:

Comment ai-je pu vivre toute ces années dans l’ignorance la plus totale de ma condition mentale?

Ce serait comme découvrir subitement que l’on boîte depuis la naissance, que l’on a une faiblesse cardiaque ou un problème de vue jamais diagnostiqué. Cela paraît impossible et pourtant.

Avec ces questionnements profonds vient aussi une grande compassion pour ceux qui vivent dans cette ignorance et qui ne découvriront peut-être jamais comment fonctionne leur cerveau. L’envie de parcourir mon entourage cette fois avec ma nouvelle conscience pour la propager. Le besoin de sentir mon implication là où je ressens un tel manque.

Les cèdres d’Ifrane

Je me laisse envahir par une profonde tristesse et mélancolie a l’idée de toutes ces opportunités qui n’ont pas pu être concrétisées, toutes ces difficultés insurmontables et la solitude implacable qui m’a traversé pendant ces années de lutte contre mes défis neurologiques.

Car il faut bien le comprendre, l’impact du TDAH sur le quotidien, la vie personnelle et professionnelle est conséquent. Cet article n’a pas la prétention de traduire les complexités scientifiques de cet impact, mais je vais essayer simplement de vous partager ma compréhension à ce niveau là, très largement inspirée par l’ouvrage cité plus haut: “Scattered Minds

Le TDAH n’est pas héréditaire

Selon Gabor Maté, l’individu porteur du TDAH est avant tout quelqu’un d’hypersensible, c’est à dire en profonde empathie avec son environnement. C’est justement cette prédisposition qui permet à la condition de s’exprimer chez l’enfant voir plus tard chez l’adulte, peu importe la présence de TDAH dans la famille concernée. L’aspect héréditaire est davantage à prendre en compte par rapport à l’hypersensibilité.

“Les premiers mois et années avec la mère constituent une partie essentielle du développement émotionnel de l’enfant.”

Je m’explique. Dans la petite enfance (c’est à dire la période précédant les 6 ans), nous accumulons des expériences d’interaction avec notre environnement qui vont conditionner notre rapport à l’extérieur. Cette période de développement extra-utérin est essentielle pour continuer à former des connexions neurologiques et assurer la bonne croissance de notre cerveau. Contrairement à nos compères les animaux, nous continuons à faire grandir notre matière grise bien après quitté le ventre de notre mère. Ces années ont donc un rôle déterminant dans notre croissance, nos capacités cognitives et donc notre équilibre mental/émotionnel.

Seulement voilà, à moins que vous ayez tiré au sort le ticket gagnant de la famille parfaite, il y a de fortes chances que comme à peu près tout le monde vous ayez grandi dans un environnement avec du stress, de l’insécurité et un manque de sérénité de vos éducateurs quels qu’ils soient. Un enfant en bas âgedont la connexion à la mère permet la sécrétion d’hormones essentielles à la croissance et au bien-être comme l’ocytocine ou la sérotonine est très réceptif à l’humeur de ses parents et n’est pas encore en mesure de comprendre qu’il existe des événèments extérieurs à sa réalité immédiate.

Objectif Dopamine dès mon plus jeune âge!

Gabor Maté explique que les premiers mois et années avec la mère constituent une partie essentielle du développement émotionnel de l’enfant. En effet, la connexion à travers le regard entre les deux permet au nouveau-né de s’ancrer dans un sentiment d’amour, d’attachement et de sérénité qui équilibre l’impact de la séparation qui viens d’avoir lieu avec la naissance. Il faut bien se rappeler que jusqu’alors l’enfant et la mère sont liés par le cordon ombilical, ils ne font qu’un.

C’est justement là que ça se complique. Car l’enfant a besoin pour son développement et son bien-être d’une présence rassurante et aimante.

Que se passe t-il alors si la mère est inquiète, anxieuse voir dépressive? Si le foyer est en proie à de l’insécurité, de la violence?

Sans même aller aussi loin la moindre perturbation est ressentie par l’enfant et peut engendrer des difficultés dans le développement post-natal. Pour le nourrisson, la mère représente son monde et donc il ou elle prend la température de celui-ci en se connectant à la mère. En dehors d’elle, rien n’existe vraiment. Les premiers mois et années avec elle constituent une partie essentielle du développement physiologique de l’enfant. Ces premiers contacts là vont donc être profondément structurants pour le devenir de quelqu’un, pour sa santé mentale et émotionnelle. D’après l’auteur, nous mettons en oeuvre à ce moment là si besoin des mécanismes afin de réduire l’impact du stress venant de l’extérieur.

“Le cerveau déficient ne reçoit pas le soutien nécéssaire afin de combler ses fragilités.”

Par exemple, si la mère est en train de vivre un stress trop intense pour l’enfant, celui-ci qui d’habitude recherche le regard de sa mère pour établir cette connexion soutenante va au contraire le fuir à cause de sa trop grande sensibilité: c’est un réflexe pour se protéger. Ceci expliquerait la caractéristique évidente des personnes atteintes du TDAH, à savoir de se détourner des situations ou des émotions qui peuvent être trop difficiles à gérer, d’être constamment distraits ou de laisser leur esprit divaguer.

On peut donc méditer sur les moments où nous nous sentons le plus “ailleurs”:

Suis-je en train de vivre un sentiment d’insécurité?
Y-a-t-il quelque chose dans la situation actuelle qui m’est trop difficile à ressentir?
Comment est-ce que je peux faire un effort conscient pour me connecter à mes émotions?

La vraie cause c’est l’environnement

Ici commence le cercle vicieux qui engendre des déficiences hormonales pour l’enfant. Privé du contact essentiel avec sa mère ou la personne ayant ce rôle, il ou elle ne va pas accéder aux facteurs de développement dit “normaux”. Ce comportement peut se prolonger dans l’enfance puis dans l’adolescence si l’environnement continu à être perçu comme non sécurisant. Sans être diagnostiqué, ce mécanisme a peu de chances de s’auto-réguler.

Cette hypersensibilité, si elle n’est pas accueillie chez l’individu peut conduire à un isolement et une ostracisation de l’enveloppe familiale où ses besoins émotionnels ne sont pas pris en compte. Se développant ainsi seul, le cerveau déficient dans les neurotransmetteurs critiques pour la bonne conduite de ses fonctions, ne reçoit pas le soutien nécéssaire afin de combler ses fragilités.

“Tout échange difficile avec un ami, un membre de la famille ou un collègue peut s’avérer insurmontable.”

La dopamine et la sérotonine sont particulièrement affectées. Elles qui respectivement vont impacter plusieurs fonctions essentielles au bien-être du quotidien: la bonne autorégulation émotionnelle, le système de récompense, la confiance en soi, la satisfaction, la sérénité mais aussi d’autres fonctions annexes comme la perception du temps ou la priorisation des tâches de manière logique.

La cigarette a longtemps été une compagne de mes aventures!

On notera souvent chez les cas TDAH une sensibilité accrue aux addictions: alcool, drogue, sucre, café, jeux vidéos, réseaux sociaux, travail, sport, etc… Tout ce qui est susceptible de donner la dopamine dont la personne a besoin.

Le malaise social

Cela explique que certaines personnes atteintes du TDAH vont se comporter de manière à obtenir la reconnaissance de leur entourage coûte que coûte, éviter les situations conflictuelles ou toute situation qui pourrait engendrer des émotions trop intenses. Sans le sytème d’autorégulation émotionnelle, tout échange difficile avec un ami, un membre de la famille ou un collègue peut s’avérer insurmontable. On observera alors souvent des attitudes de marginalisation, de retrait de la société ou alors justement un besoin de tout contrôler.

Des deux versants de cette même montagne, il y a l’impossibilité de pouvoir rencontrer de manière sereine les défis humains de la vie qui se jouent au niveau des relations, exactement comme quand notre mère parfois troublée recherchait notre contact. Sans des relations stables, la possibilité d’épanouissement dans la sphère familiale, personnelle ou professionnelle peut s’avérer très restreinte.

La variété des histoires et des parcours fait qu’il n’y a pas de réponse toute faite pour désigner le comportement de quelqu’un avec le TDAH, ce qui expliquerait également pourquoi il est aussi mal diagnostiqué, notamment en France.

Mais pour autant on retrouvera chez tous les sujets (je me permet cette généralisation) un sentiment de ne pas pouvoir agir “normalement” ou d’affronter des situations jugées triviales par l’entourage comme les tâches administratives, les examens, les entretiens d’embauche, les rendez-vous professionnels, les séparations amicales ou amoureuses… et bien d’autres encore.

Un super compte Instagram pour découvrir et comprendre le TDAH!

Des cas uniques

Surtout que cette diversité des types de TDAH se combine souvent avec d’autres facteurs de neuroatypicité comme l’autisme, des troubles de l’anxiété, de la dyslexie ou encore le haut potentiel intellectuel qui ne font qu’élargir le spectre des difficultés rencontrées. D’où l’importance de bien comprendre le sens et la logique de son histoire personnelle et comment nous avons pu être affecté dès notre jeune âge. C’est là que va s’écrire quelque part le “mode d’emploi” de notre spécificité et donc nous donner les clés pour retrouver notre pouvoir. Ce long apprentissage souvent fait dans l’ignorance peut faire vivre une véritable exclusion sociale.

C’est ce qui m’a mis sur la route de mon diagnostic. Le besoin de connaître toutes les ramifications de ma constitution et en quoi mon quotidien, mes choix de vie et mes opportunités avaient pu être impactées. C’est sans surprise que je découvre que ma légendaire impulsivité, ma capacité à couper les ponts parfois (même souvent) de manière violente avec des personnes proches, un boulot ou carrément changer de pays sur un coup de tête est liée en partie à ma construction cérébrale. J’apprend alors que ces réflexes ont une signature, une raison d’être. J’apprend aussi que face à ses comportements difficiles à vivre par moi-même et mon entourage, j’ai mis en place des systèmes, des garde-fou inconscients qui sont sensés limiter les dégâts… J’ai nommé: les stratégies compensatoires.

Ce sont des mécanismes automatiques que la personne atteinte par le TDAH créé par conditionnement à son environnement.

Elles permettent de combattre les épreuves posées par le quotidien.

Si l’on a du mal à être attentif dans une conversation, on va alors se forcer à être très centré sur la personne en face de nous, malgré notre esprit qui se promène dans la pièce. Si nos finances nous rendent anxieux, on peut devenir très contrôlant afin de ne plus jamais être dans le rouge. Si nos amis nous reprochent notre ponctualité, on va faire en sorte d’être toujours en avance quitte à nous préparer des heures avant le rendez-vous.

Profondément marqués par un sentiment de culpabilité et de honte vis à vis de son incapacité à affronter sereinement les défis de la vie, de ne pas être “comme tout le monde”. Alors que c’est justement incarner cette différence qui permet de s’émanciper de ses freins émotionnels et vraiment se sentir libre.

L’urgence de vivre

Il se trouve qu’une des fonctions largement impactée par le trouble est la notion du temps, à savoir combien de temps il me faut pour accomplir une tâche: se préparer pour aller au boulot, en cours, finir un email, ranger son appartement, faire les courses, etc…

Étant déficient en dopamine, le cerveau TDAH priorise les tâches par rapport à l’engouement et la motivation qui y sont associées, c’est à dire les tâches qui vont activer positivement ce système de récompense et inonder le neocortex de cette bonne dose de drogue naturelle. Ce neurotransmetteur indispensable aussi appelée hormone du plaisir, permet la bonne circulation de certaines informations dans notre cerveau.

“Je me targuait au près de mon entourage de pouvoir accomplir en une journée ce que beaucoup prennent des semaines à faire.”

Mais quand on en a pas assez, on a vite fait de s’orienter vers des tâches qui vous récompensent, des tâches “plaisantes”. Et éviter les corvées, qui ne vont pas agiter les bonnes glandes internes. Au risque bien sûr d’être perçu comme une personne paresseuse (pourtant les personnes avec un TDAH sont souvent extrêmement actives, motivées et créatives, enfin quand elles peuvent coordonner leurs actions et rester concentrées). Cette distortion des priorités par rapport aux tâches rend difficile l’organisation du quotidien car celui ci tourne autour de la bonne maîtrise de tâches variées, parfois sans intérêt voir carrément ennuyantes.

Le TDAH & L’argent — La mini coach TDAH

Pour un cerveau typique, la logique entre en jeu, il donc semble évident que si la déclaration d’impôt n’est pas faite à temps, des conséquences désagréables s’en suivront. La personne va donc organiser son temps de manière structurée afin d’accomplir la tâche à temps. Chez le cerveau TDAH, cette tâche (pourtant bien notée dans la TO-DO list depuis bien longtemps) va rester inachevée souvent jusqu’au dernier moment, faute de motivation, mais surtout faute de dopamine nécéssaire à sa réalisation.

Je n’ai pas le choix

C’est donc seulement après avoir procrastiné abondamment jusqu’à l’ultime moment que l’urgence permettra enfin à la personne de s’y coller. En effet, l’adrénaline et le niveau de stress engendré par la peur des conséquences suffira pour motiver le cerveau a finir par franchir la ligne d’arrivée. Non sans vivre tout le long de ce processus un grand sentiment de culpabilité, de rejet de soi et une incompréhension face à un comportement qui ne semble pas exister chez d’autres. Ce sentiment d’urgence devenant un réflexe, il sera souvent accompagné par une anxiété importante car ces moments d’accélération ne sont pas nécessairement vécus de manière positive.

“Un profond état de honte, une sensation physique qui vous prend tout le corps.”

Je sais que personnellement, forcé de constater ce que ces moments alarmants produisaient chez moi une motivation jusqu’alors inconnue, je me targuait au près de mon entourage de pouvoir accomplir en une journée ce que beaucoup prennent des semaines à faire.

Condamné à vivre sur le fil, je ne pouvais qu’incarner cette fatalité en la portant comme une force tans dis qu’au fond, je rêvais d’une vie structurée et sous contrôle. Toute tentative que je mettais en place, les longues listes de routine à commencer du jour au lendemain, les régimes alimentaires, les envies de disciplines académiques se retrouvait invariablement en échec, victime d’une logique froide et implacable: celle du cerveau.

Le plus dur était pour moi (et ça l’est toujours) le sentiment d’échec qui accompagnait mes “récidives”. Que ce soit de m’être levé trop tard, mangé le morceau de chocolat de trop ou avoir encore laissé une affaire urgente de côté, le résultat était le même. Un profond état de honte, une sensation physique qui vous prend tout le corps, la croyance que vous n’êtes pas celui que vous devriez être, qu’il y a une dissonance entre ce que vous savez être bon pour votre équilibre émotionnel ou mental et l’incapacité de faire des choix logiques par rapport à ces faits.

Ce qui va souvent entraîner d’ailleurs une incompréhension de l’entourage:

Mais pourquoi tu fais cela?
Qu’est ce qui t’es passé par la tête?
Ne réfléchis-tu jamais aux conséquences?

Un échantillon des questions fréquentes qui ont ponctué mes 20 Premières années.

Et bien la réponse à cette dernière c’est oui et non. Car si le cerveau TDAH est en mesure de prendre une décision logique basée sur ses valeurs avec du recul, ce n’est pas le cas si il y a une quelconque forme de stress, anxiété ou une autre urgence qui prend le dessus. Dans ces cas là alors souvent la dopamine va faire défaut et tout est à craindre. Sans compter les éventuels facteurs aggravants dont j’étais tributaire dans ma vingtaine: alcool, tabac, manque de sommeil, insécurité financière, troubles de l’anxiété, drogues dures…

Le TDAH & L’Argent — La mini coach TDAH

Rapidement le quotidien devient un champ de mine car si vous brillez en société avec un cerveau créatif et hyperactif, à la moindre secousse c’est la panique, entraînant toutes sortes de décisions impulsives. Il y a une difficulté à maintenir une stabilité dans son comportement avec l’extérieur, entraînant des crises successives qui peuvent laisser démoralisé, épuisé ou même carrément résigné.

Apprendre à se connaître

Une condition pour se déployer sereinement est d’apprivoiser son profil bien spécifique, d’apprendre à en détecter les particularités pour peu à peu structurer sa vie autour de ses faiblesses et de ses forces.

“Car derrière ce voile de besoin de reconnaissance il y a une myriade de qualités touchantes.”

Pour faire cela, il est essentiel de se poser les bonnes questions, de se regarder de manière objective sans jugement et surtout sans idée prédéfinie de ce qui est considéré “normal”. Mon chemin initiatique personnel m’a grandement soutenu dans ce processus, me donnant pas à pas des clés sur mon fonctionnement interne. Quelque part sans le savoir j’étais en train de mâcher le travail pour cette future prise de conscience.

Heure des repas, horaires de sommeil qui fonctionnent bien, les situations qui peuvent déclencher de l’anxiété, les sensibilités alimentaires, les environnements de travail qui stimulent, les impacts du bruit ou de la lumière sur la concentration, les tâches créatives qui renforcent l’estime de soi ou encore comment se dépenser physiquement. Autant de critères qui peuvent apporter une connaissance de son TDAH et de sa manière de s’exprimer. Chaque cas est unique et chaque cas demande une attention particulière.

Les critères environnementaux ont déjà la faculté de réduire drastiquement l’impact négatif du quotidien car sans dopamine et avec ce sentiment d’exclusion depuis tout jeune, l’individu a très souvent des problème de confiance en soi, ce qui peut réduire les opportunités et engendrer des situations d’échec à répétition.

Apprendre à se connaître, soi et ses sensibilités, c’est reprendre son pouvoir (et c’est vrai pour tout le monde, TDAH ou autre) et c’est cette recherche qui m’a conduit à creuser toujours plus pour comprendre les recoins de mon être, tant sur le plan mental qu’émotionnel ou encore spirituel.

Il n’y a pas de solutions miracles pour s’épanouir avec son TDAH sinon de se montrer patient, doux et aimant avec soi. S’accorder le temps de bien comprendre le fil de son histoire personnelle, d’imaginer comment sa vie pourrait être si ces difficultés n’étaient plus perçues comme des freins mais comme des atouts à mettre en avant. De s’accepter tout simplement.

Car derrière ce voile de besoin de reconnaissance, de tentative d’intégration, il y a une myriade de qualités touchantes et créatives qui demandent à être déployées.

La beauté de nos différences

Car le cerveau TDAH, ce n’est pas que du Déficit, bien au contraire. C’est des dizaines d’idées créatives chaque jour, un mental assoiffé de connaissance qui cherche à travailler des problèmes complexes, contre tout attente c’est aussi une capacité d’hyper-concentration supérieure à la normale quand la situation le veut bien, c’est une grande sensibilité émotionnelle et souvent une empathie notoire envers le monde qui l’entoure.

Je pourrais en citer encore bien d’autres car ce sont des arborescences complexes de comportements uniques qui s’expriment à travers les labyrinthes de nos passés respectifs.

“Pourquoi sommes nous si attachés à une idée de la normalité?”

Alors ne jugeons pas trop vite les retards et les étourdissements, apprenons plutôt à aimer les moments où le temps disparaît, plongé dans une conversation passionnante avec l’un d’entre nous.

Apprenons à valoriser les neuro-atypiques et leurs capacités à re-imaginer notre monde à travers de nouvelles perspectives. Soyons heureux que certains d’entre nous confrontent les modèles sociétaux pour proposer de nouvelles alternatives à nos manières de travailler, de se connecter, de rêver et de créer ensemble. Apprenons à voir la beauté de nos multitudes, de combien nos possibles sont décuplés à travers le prisme d’âmes originales.

Combien d’esprit un peu fous ont permis à l’humanité d’avancer dans des directions qui nous restaient interdites?

Combien de savants et de chercheurs ont vécu reclus, inconnus et isolés avant de libérer leurs merveilleuses trouvailles au monde?

Combien d’artistes et de créatifs souvent marginaux ont transcendé leur sensiblité afin de nous offrir des oeuvres essentielles à chaque époque?

Pourquoi sommes nous si attachés à une idée de la normalité et a une standardisation de l’être humain quand tout semble indiquer que chacun est si unique?

Quand est-ce que le consensus acceptera t-il enfin qu’il n’y a pas de solutions uniques fonctionnelles pour toute le vivant mais que c’est justement à travers nos créativités libérées que s’expriment tous les possibles?

Peut-être suffirait-il de s’autoriser en nous de cultiver cette fibre si unique qui nous traverse et nous donne le goût d’oeuvrer chaque jour?

Peut-être en apprenant à connaître nos recoins les plus sombres, nous pouvons à notre tour offrir à nos entourages la clé de notre bonheur?

Peut-être derrière ces fouilles archéologiques de l’esprit se situent l’élixir tant recherché qui nous apportera la prospérité à tous les niveaux?

Laissons nos individualités fourmiller pour donner une impulsion vibrante à nos enfants et cultivons nos infinités de visages, quels qu’ils soient.

Comme cette maxime de Paul Valéry qui trônait en emblème de mon lycée: “Enrichissons-nous de nos différences.”

Parce qu’au delà du Déficit, il y a surtout des grands coeurs sensibles à leurs entourages, qui sauront dans les moments Troubles de votre vie, vous donner toute leur Attention.

Merci pour votre attention et d’avoir pris le temps de lire mes recherches. Si vous souhaitez aller plus loin pour découvrir vos particularités et être accompagné sur votre chemin de vie, je propose des sessions afin de libérer votre potentiel et votre prospérité. Si vous êtes neuroatypique, encore mieux! Parlons-en :)

Cassien ⚡️

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Cassien Labesse
Cassien Labesse

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