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Il est temps de s’embraser

Bienvenue à l’époque de la spiritualité consumériste

15 min readJul 26, 2022
Photo by Tiffany Douël — Black Kat Photography

Je me réveille au milieu des arbres de mon jardin. Dans la nuit où depuis deux semaines je contemple les étoiles, il n’y a plus rien. Plus qu’un épais brouillard rougeâtre qui étouffe les cimes, fait taire les oiseaux et donne un goût amer à l’air qui m’entoure. À l’heure où devraient danser les insectes entreprenants de mes nuits, seul un air chaud et lourd viens apporter jusqu’à moi sa mélodie sombre, son odeur de mort.

À quelques dizaines de kilomètres de là, c’est 20.000 hectares de forêt qui viennent de partir en fumée pendant les derniers jours. Alors que je joui de ma tranquillité dans l’enceinte du château que j’habite, cette ambiance caniculaire n’est plus seulement synonyme de mes après-midi entre érotisme et création. La Terre saigne et sa rhétorique macabre vient jusqu’à sonner à nos portes dans l’espoir de réveiller les consciences, se faire entendre.

J’ai besoin d’exister au yeux de ma communauté, ma famille, mon pays et tout ce qui me rapprochera de cette entreprise égotique est valide.

Aussi loin que je puisse me souvenir, j’ai toujours eu une conscience du vivant. Ma mère nous ayant élevé dans une communauté de bouddhisme tibétain, j’apprends rapidement que chaque animal, insecte, être vivant a une âme et que l’on peut le considérer comme notre égal. Même si je peine à calmer mon indifférence vers certaines formes de vie, cela distille en moi une philosophie qui sera déterminante à mon développement. La nature est précieuse, il faut la respecter, la protéger, la nourrir.

Soulever les apparences

Pourtant cette conscience restera sous un certain voile, s’exprimant parfois à travers la compassion pour le monde animal ou le rejet de ceux qui ne lui témoigne pas les mêmes égards. Elle reste comme une parure identitaire qui s’exhibe envers ceux qui portent des discours trop extrêmes sur l’exploitation des ressources ou le respect de l’environnement. Mais comme toutes les apparences, elle révèle aussi une absence d’engagement réel.

Disons que je suis un défenseur du vivant quand cela m’arrange.

Quand je défend les modes de transport alternatif ou pour justifier le fait que je n’ai pas de permis de conduire. Oui, mes modes de consommation sont fortement influencés par la conscience d’un monde naturel en déclin, mais je ne renonce pas à mes rêves pour autant. À la première exaltation carriériste, mes principes volent en éclat. Le rêve d’identité sociale dépasse rapidement tout. J’ai besoin d’exister au yeux de ma communauté, ma famille, mon pays et tout ce qui me rapprochera de cette entreprise égotique est valide. Y compris monter dans un avion, commander des produits sur les plateformes internet, consommer de l’électronique sans retenue et laisser couler indéfiniment l’eau sur mon corps qui mérite un état d’esprit “Abondant”.

Vivre en abondance

Martelée comme fer de lance de ces identités modernes, l’abondance est un principe naturel qui est souvent travesti en une forme d’hédonisme sans limite. Jumelée à la volonté d’expansion de l’être, cette vision de l’abondance ressemble davantage à l’idéologie d’une croissance illimitée plutôt qu’un questionnement profond sur la place de l’homme dans son écosystème et la prise de conscience que nous disposons de tout ce qui est nécéssaire à notre bien-être. Ici, dans l’instant.

Comme beaucoup de gens de ma génération, je vibre à présent une nouvelle idéologie, dernier née d’un croisement entre le capitalisme ultra-libéral et la spiritualité New Age avec une petite pincée de chamanisme amérindien.

Un rêve qui s’invente en dehors de la conscience du vivant se doit d’être interrogé, remis en question.

L’accès à son plein pouvoir, économique, social, créatif, spirituel, identitaire devient le graal d’une nouvelle élite sans frontières assoiffée de liberté. Travailler depuis n’importe quel coin du monde, son Macbook à la main, les pieds dans le sable est devenue l’image de marque hyper-médiatisée qui déferle sans cesse sur nos réseaux sociaux, promontoires indiscutables de l’industrie publicitaire 3.0. L’accès à ce mode de vie est totalement glorifié et dans tous les hostels, Airbnb du monde on trouvera une armée de prétendants à ce nouveau lifestyle où l’on ne se refuse rien, bien loin de la sobriété heureuse que proposent certains écologistes ou humanistes.

La capacité de l’idéologie consumériste à produire des modèles non-durables est sans fin. Comme toujours le privilège d’une infime partie de la population mondiale est mise en avant au grand désarroi des populations défavorisées. Car le constat reste le même, tout le monde ne pourra pas accéder à cette vie de globe-trotter porté au gré du vent et des opportunités freelance. Alors que certains font tourner leur mappe-monde pour y trouver leur prochaine destination, d’autres se voient refuser l’entrée aux mêmes frontières. Il semblerait que la liberté a une nationalité.

Dans cette nouvelle vision du monde pseudo-consciente, la liberté et l’abondance individuelle semblent prendre le pas sur la conscience du vivant et la préservation de nos ressources communes.

Au large des côtes espagnoles — Novembre 2020

Quand j’embarque à vélo et en voilier il y a deux ans pour rejoindre le Canada depuis la mer, on me demande ce qui peut bien me passer par la tête pour que je fasse une chose pareille. Quand trois mois plus tard, l’aventure mise en pause je me résous à reprendre l’avion, on me dira que les choses sont bien plus simples ainsi. Après tout, notre monde est lubrifié pour que l’accès à nos désirs se fasse du bout des doigts. Dans cette course effrénée à l’expérience, à la sensation, il est facile de trouver un auditoire conciliant qui vous rassure sur votre consommation d’hydrocarbures, vos choix alimentaires coûteux à la planète ou encore notre philosophie hédoniste parce qu’ “Il faut bien se faire plaisir”.

Alors je me pose ces questions:

Qu’y a t-il d’abondant dans ma démarche quand je m’offre des plaisirs qui coûtent celui des générations futures ?

Qu’y a t-il d’abondant dans mon attitude quand mes rêves se basent sur une vision qui tourne autour de mes désirs individuels ?

Qu’y a t-il d’universel quand je justifie mes choix par la réalisation de mon être et non la réalisation de tous les êtres ?

Qu’y a t-il de vivant dans un positionnement ultra libertaire alors que nos modes de consommation sont désuets ?

Je m’interroge et surtout je constate la difficulté que j’ai à concilier ma conscience d’un monde aux ressources limitées, des valeurs corrompues par une idéologie dominante et l’envie légitime d’avoir envie d’accéder à tout ce que cette belle Terre peut offrir.

Être dans l’opulence financière ne rend pas plus généreux de la même façon que vivre dans une oasis naturelle ne rend pas plus écologiste.

Mais pour moi un rêve qui s’invente en dehors de la conscience du vivant se doit d’être interrogé, remis en question. Il doit être mis en perspective, relié à la réalité qui nous entoure au-delà de notre seule perception. Il est indispensable de comprendre que nos rêves, nos idéaux et nos valeurs ont elles aussi été conditionnées, elles émergent de notre interaction avec le monde, avec l’énergie qui nous entoure.

Suis-je maître à bord ?

Nos désirs de confort matériel, nos désirs d’ailleurs, nos envies érotiques, nos aspirations… sont invariablement le produit d’une ambiance générale, atteintes par le conditionnement humain. Malgré notre volonté à rêver souverainement, il devient vital de se questionner face à ses propres imaginaires. Est-ce mon identité que je perçois ? Ou est-ce la vibration du monde qui parle à travers ma perception ?

Mon but n’est pas de jeter un regard culpabilisateur sur nos désirs d’expansion. Je crois qu’il est essentiel à l’homme de laisser libre court à son ambition et s’autoriser à rêver plus grand.

Je pose simplement les questions:

Qu’est ce qui nourrit mes rêves aujourd’hui ?

Sur quel terrain sont t-ils construits ?

Sur quels imaginaires posons nous les bases pour visualiser le monde de demain ?

Quelles sont les personnes qui m’entourent ?

Que portent-ils en eux ? En elles ?

Photo by Pierre-Olivier Marty — Grand Love Experience

Le capitalisme est implacable dans sa capacité à modifier les bornes de nos réalités. La spiritualité devient aujourd’hui un outil déterminant dans l’évolution des concepts qui permettent de maintenir la machine industrielle et surtout, ne rien changer.

La spiritualité consumériste

Quand l’identité de l’initié se construit sur l’idée d’une toute puissance intérieure, la société l’exhorte à se rêver riche et puissant. Quand il explore son universalité, on lui vend des billets d’avion “low-cost” pour le monde entier. Quand on lui vante les mérites et la sagesse des peuples premiers, il se lance dans une poursuite touristique des lieux de culte du monde à l’affût de cérémonies sans fin. Quand on lui éveille sa connexion avec le vivant, il sur-digitalise sa vie et accroit sa dépendance à l’électronique. Quand il prend conscience des dangers de l’automobile pour la planète, on lui vend une Tesla.

Chaque prise de conscience sur la nature de l’existence ou de la réalité devient immédiatement une opportunité pour vendre un service ou un produit, pour continuer à nourrir la machine consumériste.

À croire que la conscience est simplement là pour inviter à modifier un comportement en le remplaçant par une alternative. Pour changer nos modes de consommation donc, il faudrait simplement consommer autre chose.

Je suis le premier à laisser cette dimension d’expansivité et d’abondance retrouvée dicter mes choix toujours plus égoïstes. J’ai passé ma dernière année à voyager, acheter, remplacer mes appareils sans retenue. Chaque fois justifiant mon attitude par un refrain de spiritualité consumériste.

Le réveil douloureux

Seulement les flammes sont là pour me rappeler à l’ordre, pour souligner mes convictions profondes et mon appartenance indissociable à un écosystème en péril. Je ne peux plus me permettre d’intellectualiser ma conscience écologiste, de me réfugier derrière des arguments de manque de moyens, d’attendre une configuration de vie plus propice ou que d’être écolo devienne sexy. Être dans l’opulence financière ne rend pas plus généreux de la même façon que vivre dans une oasis naturelle ne rend pas plus écologiste. C’est uniquement notre désir de vivre plus consciemment au sein du monde qui nous entoure eu un désir d’intégrité qui peut nous offrir une autre dimension, une grille de lecture différente sur nos possibles.

Notre planète et sa nature ne sont pas plongées dans un éternel été, il y a des saisons, des rythmes, des émotions.

C’est ironique qu’un de mes premiers désirs en arrivant dans mon nouveau lieu de vie fut de partir pour voyager. Je disais: “Il faut créer un réseaux de lieu, s’étendre, en avoir davantage…”

Pour diffuser quel message ?

Souvent cette recherche “d’abondance” que matraque la communauté spirituelle d’aujourd’hui semble nous dire que ce dont nous disposons maintenant n’est pas assez.

La quête de l’homme moderne

Pour me sentir abondant donc, il faut que j’ai accès à plus. Plus de nourriture, plus d’espace, plus de liberté, plus de relations, plus de réussite, etc… La nature, elle, ne recherche pas cette croissance à outrance.

Simplement, elle se contente d’exister dans l’équilibre et l’harmonie. Les plus riches ne peuvent exister sans les plus pauvres. Les piscines d’ici sont la sécheresse de là-bas. Les voitures engendrent la destruction de la biosphère. À travers ces exemples caricaturaux (pas tant finalement), j’invite à nuancer, à comprendre les enjeux multiples d’une même situation, de voir que tout nos comportements induisent une conséquence, qu’on la souhaite ou non.

Quelle est ma conséquence aujourd’hui ?

Quel monde suis-je en train de faire naître ?

Quel est le rêve ou le cauchemar que je sers à travers mes actions ?

Très facilement, la quête de l’individu se fait au détriment du collectif. Des refrains populaires comme “Il faut penser à soi” renforcent cette idéologie qui nous écarte de la réalité de notre interdépendance. On ne peut pas extraire l’individu de son système quand celui-ci est indispensable à sa survie. L’accès aux libertés individuelles est quelque chose de fondamental pour l’éveil de tous les peuples, le progrès de nos sociétés et la construction de nouveaux systèmes d’échange aussi. Cependant on ne peut ôter la conscience de notre unicité dans l’expression de celles-ci.

Une idéologie durable

Pour moi, être dans l’abondance signifie prendre conscience que je ne manque de rien, que toutes les ressources dont j’ai besoin sont disponibles, que j’ai tout le temps nécéssaire pour réaliser ma vie, que je vais vivre toutes les expériences qui m’appellent, que mes rêves sont a portée de main.

Elle requiert une posture profondément féminine d’acceptation et d’abandon au vivant, à ce qui m’entoure, à l’autre. Dans sa forme la plus élémentaire, il s’agit de faire confiance, de se libérer de ses attentes, de l’agitation qui pousse à sans cesse être dans l’action, la conquête. Pourtant la rhétorique masculine du faire s’empare facilement de moi. Oui il est important de se mettre en mouvement et d’actionner notre volonté. Mais fondamentalement, ici, maintenant, je ne manque de rien. Je suis dans l’abondance de cet instant.

Cette posture peut profondément transformer nos vies et nos visions pour le monde de demain. En opposition légère à l’injonction hédoniste du tout-désir, ici l’initié accepte que tout vient à point nommé, l’inondation comme la sécheresse. Après tout, notre planète et sa nature ne sont pas plongées dans un éternel été, il y a des saisons, des rythmes, des émotions.

Alors comment ce refrain concernant la poursuite de nos désirs s’inscrit t-il dans une vision écologiste du monde ?

Comment intégrer une dynamique qui peut être ressentie comme réductrice et freinante à un soi qui souhaite s’expandre ?

Comment créer un monde qui prend en compte nos ambitions, nos aspirations et les appels de notre intuition profonde mais aussi la perspective d’un monde naturel en besoin urgent d’une vision plus universelle ?

C’est ici que je reconnais mes propres limites. Mes injonctions internes à la réussite (sociale, financière, relationnelle…) entre souvent en conflit avec une direction de vie plus sobre, décroissante et dans le respect du vivant.

Ne pas renoncer à ses rêves

De mon point de vue ce conflit prend naissance dans l’idée que la préservation de notre planète est une contrainte et non une perspective d’évolution individuelle puis sociétale. Que penser aux calamités du monde est plombant, anxiogène, que prendre en compte le réchauffement climatique dans ses choix de vie va nécessairement entraver nos libertés.

Chaque jour est une opportunité pour moi de redéfinir mon chemin dans une dimension libératrice

Ces positions sont probablement ancrées dans une immédiateté peu consciente de la nature causale de la réalité. Les actions que j’entreprends aujourd’hui ne peuvent exister sans leur conséquence, j’ai moi aussi ma responsabilité à l’égard de ce qui se passe sur Terre. Chaque choix que je fais détermine non seulement mon avenir mais aussi celui du vivant. Chaque rêve que je nourrit va également ruisseler dans les rivières de songe de l’humanité. Chaque croyance que je choisit va s’étendre autour de moi.

Art by Sara Diquelou

Me voilà donc, ce soir là, au coeur de mes contradictions, baigné dans une odeur de cendre et de deuil, à chercher ma place dans ce monde en flammes.

Que vais-je laisser à mes enfants ? Aux leurs ? À ceux qui cheminerons dans ces cendres ? Comment mes rêves nourrissent-ils autre chose que ce constat alarmant ?

Changement de paradigme

Je prend conscience que dans ce monde qui sans cesse accélère la vraie résistance fertile s’inscrit dans l’acte de ralentir. Dans une société qui prône la liberté individuelle, la vraie résistance se réveille au coeur des concepts communautaires. Dans un monde où l’accès à l’affluence économique est valorisée, c’est le partage des ressources qui montre la voie. Dans un monde où la spiritualité mainstream commence à tendre vers une version améliorée du rêve américain, c’est une spiritualité incarnée dans la réalité du vivant qui doit s’exprimer. Dans un monde qui blâme l’industrie et le capitalisme pour l’état des lieux, c’est une prise de responsabilité collective qui permet de libérer le potentiel individuel et offrir des solutions constructives pour le vivre ensemble. Dans un monde où l’ascenseur social gouverne les désirs de carrière, c’est l’écoute du coeur qui sert de meilleur guide.

Dans un monde où le voyage devient une industrie de consommation de masse, rester chez soi devient un acte de rébellion.

Inviter plus de conscience collective dans ma vie, c’est me permettre de construire avec un modèle qui préserve les ressources, le vivant, les possibles. Chaque jour est une opportunité pour moi de redéfinir mon chemin dans une dimension libératrice avec en ligne de mire un écosystème foisonnant où les inégalités disparaissent. Chaque interaction est une ouverture pour diffuser un message qui comprend toutes ces nuances.

Je ne peux plus me permettre des opinions binaires où les gentils écolos affrontent les méchants oligarques. À notre image, notre société est profondément nuancée, contrastée.

Ma volonté n’est pas d’être parfait ou irréprochable. C’est simplement de m’aligner avec mes croyances profondes, avec mes rêves les plus fous, avec mes aspirations ancrées dans un réel durable.

J’ai passé 30 ans à apprendre dans des environnements multiples, des cultures variées, des familles de sang ou de coeur. 30 ans à apprivoiser les différents langages de la société en déclin qui m’entoure et qui désespérément a besoin de conscience, de lieu, de bienveillance. Dans cet océan de découverte j’ai pu trouver des centaines de modèle de vie, tous aussi imparfaits les uns que les autres, avec leurs paradoxes.

Qui suis-je pour juger la pratique de l’un ou de l’autre ? Je pense que je peux au moins proposer la mienne et la vivre aussi courageusement que possible.

Oeuvrer pour demain

Aujourd’hui j’ai la chance d’être conscient de l’abondante vie que j’ai créé. Je dispose d’un lieu magique où il est possible de réunir conscience collective et aspiration individuelle. J’ai la chance d’être entouré d’une communauté de personnalités vibrantes, créatives et engagées pour leur vision du monde d’après. J’ai le luxe de bénéficier d’une oasis de nature où règne le calme, où s’émeut une biodiversité fourmillante et où s’exprime une rare beauté. Tout cela entouré d’une aura de commencement joyeux où les possibles sont décuplés.

Plus que jamais il est temps de ré-ensauvager nos imaginaires en se reconnectant à la nature.

Tout cet or entre mes mains m’impose de prendre en considération pas seulement mon entourage proche ou mes besoins personnels mais d’agrandir ma perception pour inclure tout le vivant.

Quelle direction choisir pour mes projets quand la nature hurle de douleur ? Quelle gouvernance proposer quand les choix de l’un peuvent restreindre l’autre ? Quelle action prioriser quand on semble dépassé par ce monde qui sombre ? Quel discours choisir pour fédérer et inviter à redéfinir nos valeurs ?

Tant de questions que j’espère soulever dans notre communauté. Tant d’aspirations que je souhaite canaliser au coeur de cette forêt urbaine que j’habite. Tant de vibrations contraires que je souhaite apaiser et recevoir sans condamner. Tant d’urgence climatique, humaine et économique que je souhaite entendre tout en restant connecté à ma temporalité.

Aujourd’hui je suis animé par un renouveau de conscience qui m’appelle à illuminer les contradictions d’hier et offrir de nouveaux modèles à ceux qui m’écoutent.

Plus que jamais il est temps de se connecter à la réalité collective qui nous entoure.

Plus que jamais il est important de confronter nos perceptions et apprendre de l’autre.

Plus que jamais il est temps de ré-ensauvager nos imaginaires en se re-connectant à la nature.

Plus que jamais il faut questionner nos modes de consommations et inviter la sobriété dans nos vies.

Plus que jamais il faut redéfinir nos espaces de travail et de communication pour considérer l’humain, donner la place à la créativité individuelle.

Plus que jamais il faut soutenir les propositions d’alternatives à l’enrichissement d’une majorité, à l’industrie pharmaceutique, à l’opposition armée, à la domination des peuples, à l’esclavagisme des consciences des médias et de la publicité.

Plus que jamais il faut mettre la technologie au service de ces alternatives. Plus que jamais il faut s’inviter à écouter nos émotions les plus profondes et les accueillir avec le coeur.

Plus que jamais il faut revaloriser l’exode urbaine et la ré-appropriation des espaces agricoles industriels au profit d’une agriculture en symbiose avec la nature.

Plus que jamais il faut réapprendre à respirer, à contempler, à faire des pauses.

Plus que jamais il faut explorer le non-agir pour laisser émerger sa force intuitive.

Plus que jamais il faut s’autoriser à rêver plus grand, plus audacieux, plus outrageusement et sans compromis.

Plus que jamais il faut ré-imaginer nos systèmes d’éducation pour accueillir l’intelligence des plus jeunes.

Plus que jamais il faut s’inspirer des sagesses ancestrales, des cultures en déclin et des spiritualités multiples.

Plus que jamais il faut écouter la nature qui nous parle au travers de tous les êtres vivants.

Plus que jamais il faut explorer notre humanité et notre volonté à vivre depuis le coeur.

Plus que jamais il faut faire exploser nos créativités, laissant libre cours à notre être le plus intime.

Plus que jamais il faut explorer notre capacité à aimer, écouter, comprendre l’autre.

Plus que jamais il faut accepter nos parts d’ombre et nos imperfections.

Plus que jamais il faut abandonner la poursuite des chemins extérieurs pour trouver l’inspiration qui sommeille en nous.

Plus que jamais il faut croire à la merveilleuse capacité de regénération du vivant.

Plus que jamais il faut affronter nos contradictions pour enfanter le monde que nous désirons vraiment.

Plus que jamais il faut lutter pour l’émancipation des mentalités.

Plus que jamais il faut laisser vivre les identités multiples, les corps, les désirs, les chemins de vie.

Plus que jamais il faut s’engager pour le vivant et célébrer chaque jour.

Et surtout, plus que jamais…

…il est temps de s’embraser.

Photo by Tiffany Douël — Black Kat Photography

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Cassien Labesse
Cassien Labesse

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